Principe du jardin-forêt
« Jardin-forêt » :
Jardin, c’est-à-dire dédié principalement à la production de comestibles.
Forêt : association d’arbres et de plantes qui forment un système le plus autonome possible, dans lequel il n’y a aucun besoin d’apport d’engrais ni de traitement phytosanitaire.
A terme (au bout au moins d’une dizaine d’années) il nécessite très peu d’entretien, juste, quelques tailles et élagages pour permettre à la lumière d’y pénétrer.
On cherche à créer un système le plus complexe possible, pour augmenter les interactions entre plantes et insectes et amener des nutriments aux arbres qui en ont besoin ; plus il y a une grande diversité de plantes, plus le sol sera riche et plus la capacité d’adaptation sera importante .
On maintient le sol couvert.Ce qui limite l’érosion le lessivage et le tassement et favorise la vie du sol et les interactions positives entre les végétaux
Tout ceci fait un sol avec beaucoup d’organismes vivants – comme l’est le sol d’une forêt.
Résultat : une bonne productivité et peu d’efforts à fournir une fois que le jardin est bien installé – on se contente d’accompagner une dynamique écologique.
Un échantillon de ce que nous fournira le jardin forêt de la Sourderie (liste non exhaustive!)
Bien évidemment, des fruits : abricots, cassis, cerises, coings , figues , fraises, groseilles, kakis, nèfles d’Allemagne , poires, pommes, prunes…
Mais aussi :
noix et graines : noisettes, amandes …
vannerie, liens, bois pour piquets et tuteurs : saule, noisetier, genêt, osier …
fleurs mellifères pour les ruches alentour et/ou pour le plaisir des yeux et/ou comestibles: campanules, coronilles, hémérocalles, seringat , trèfles…
La mise en place d’un jardin forêt
Impératif
Le jardin forêt doit être pensé avant les premières plantations.
Temporalité de l’implantation
La plantation se fait par étapes successives , qui peuvent s’étaler sur plusieurs années:
on plante d’abord les principaux arbres et arbustes (11-12 mars 2022)
Puis on met en place l’environnement : des plantes qui vont fixer l’azote, des engrais verts que l’on va semer (lupin, sarrasin, consoude) des couvre-sol et des plantes grimpantes. On assure un paillage de protection pour protéger du froid ou de la sècheresse et limiter la compétition avec l’herbe.
Au verger, nous avons procédé en deux étapes : en mai d’abord puis le 3 décembre. Nous en avons profité pour planter une haie brise-vent qui protègera les arbres du vent du Nord venu du lac.
C’est un travail par essais-erreurs : parmi toutes les plantes, certaines vont s’adapter, d’autres non. Certaines vont disparaitre quand elles auront rempli leur rôle de fertilisation du sol, pour laisser la place à d’autres.
Quand c’est possible, on aménage des niches écologiques (mare, muret pour les lézards), ou encore abris pour les insectes et les pipistrelles comme nous l’avons fait en juin 22.
Autour de chaque grand arbre on plante des arbres plus petits, des arbustes, des buissons , des plantes couvre-sol,… tout un système « compagnon » de l’arbre, destiné à aller chercher pour lui dans le sol les nutriments qui lui sont nécessaires, via des échanges entre systèmes racinaires grâce à des bactéries et des champignons.
Permettre à toutes les plantations de bénéficier de la lumière
Les jardins-forêts sont des jardins dits « étagés » c’est-à-dire qu’on joue sur la hauteur des plantations pour éviter qu’elles ne se fassent de l’ombre. Du plus grand au plus petit : arbres, arbustes, buissons, herbacées, rhizomes, annuelles et bisannuelles, couvre-sol, lianes, champignons.
Le verger étagé de la Sourderie:
arbres : abricotier ; cerisiers ; cognassiers; figuiers ; lilas ; noisetiers ; plaqueminiers ; poiriers ; pommiers ; pruniers …
arbustes et buissons : arbre aux faisans ; argousier ; aubépine ; aulne glutineux ; baie de goji ; cassis ; cornouillers ; coronille ; genêts ; goumi du Japon ; groseilliers ; néflier d’Allemagne ; osiers ; sureau ; viorne …
herbacées : eulalie, ; verveine de buenos-aires …
rhizomes : hémérocalles, hosta, iris…
plantes basses (annuelles, bisannuelle, vivaces): campanules; consoude; lupin ; luzerne ; phacélia ; sarrasin ; …
annuelles mellifères du mélange de Wolf semé en mai…
couvre sol : fraisiers des bois ; géraniums; lierres; trèfles…
Penser le maintien de la fertilité au fil du temps
L’apport d’azote
L’azote est présent dans l’air. Mais sous une forme non assimilable par les végétaux. Il faut l’intervention de bactéries qui vont transformer l’azote de l’air en une forme assimilable. Certaines bactéries permettent de fixer directement l’azote dans le sol.
D’autres vont permettre aux légumineuses de fixer l’azote sous forme de nodules dans leurs racines. Cet azote va passer dans la sève brute des végétaux. Et à la mort des racines, les nodules libèrent l’azote dans le sol. Certains pensent que la taille favorise aussi la dispersion de l’azote dans le sol: en effet, quand on taille une plante, son besoin en sève diminue (car moins de bois). La plante se séparerait alors d’une partie de ses racines. Ces dernières en décomposant enrichiraient le sol en matière organique et en azote. Les racines des arbres à proximité pourront capter à leur tour ces nutriments.
On peut choisir pour fixer l’azote des plantes avec des baies comestibles, ou des plantes mellifères, ou des brise-vent… Au verger, entre autres : aulne glutineux, argousier, goumi du Japon , genêt à balais, lupins…
Les autres fertilisants,
échanges entre racines et rôle des champignons.
Les arbres fruitiers ont souvent un système racinaire peu profond. Ils n’ont pas accès aux minéraux qui se trouvent dans les couches les plus profondes (potassium, phosphore, magnésium, etc.).
On va planter des végétaux capables d’aller chercher ces minéraux grâce à leur système racinaire profond (au verger : Consoude semée en mai ; des chardons et pissenlits naturellement présents …)
D’autre part, le paillage et l’apport de compost favorisent le développement des champignons qui eux aussi vont assurer la fertilisation. C’est ce qu’on appelle la mycorhization : on ne voit des champignons que la partie au-dessus du sol. Mais la majorité du champignon se trouve sous terre, sous la forme de fins filaments qui s’étendent sur des mètres à travers le sol. Ce réseau de filaments souterrains se connecte aux racines des plantes et agit comme un énorme système racinaire supplémentaire. Cette association est dite symbiotique : l’arbre nourrit les mycorhizes avec les sucres issus de la photosynthèse, et en contre partie, les mycorhizes facilitent l’absorption des éléments nutritifs du sol dont les moins mobiles.
L’entretien
Pendant les premières années, il faudra compléter les plantations si besoin ; désherber et pailler les cuvettes des arbres ; arroser si besoin l’été pour assurer un bon enracinement ; apporter du compost pour permettre une bonne installation de la mycorhize, et fournir des nutriments aux plantes ; tailler pour permettre un bon ensoleillement…
Au fil du temps, le besoin d’entretien va diminuer jusqu’à se limiter aux opérations de taille. On pourra alors pleinement profiter de récoltes bien méritées!
Bibliographie
Martin Crawford, la forêt-jardin – créer une forêt comestible en permaculture pour retrouver autonomie et abondance.
Fabrice Desjours, jardins-forêts – un nouvel art de vivre et de produire.
Charles et Perrine Hervé-Gruyer, vivre avec la terre- méthode de la ferme du Bec Hellouin (tome 2)
Bill Mollison, David Holmgren, Dominique Soltner (Préface de l’édition française), Perma-culture, (tome 1) Une agriculture pérenne pour l’autosuffisance et les exploitations de toutes tailles.
Franck Nathié, Permaculture en climat tempéré (Recueil de 15 années de recherches et d’expériences par un permaculteur français passionné)
Antoine Talin, forêt comestible et haie fruitière – créer un jardin nourricier multi-étagé
Patrick Whitefield, créer un jardin forêt – une forêt comestible de fruits et de légumes au jardin.
Chaines you-tube :
La Forêt Nourricière
Natacha Leroux (www.permaforet.org)
Andy Williams.
Pour en savoir plus…
Les détails du cycle de l’azote
Wikipedia
Au sujet des problèmes posés par les engrais azotés, site gouvernemental