Une fois n’est pas coutume, c’est à la maison des associations de Voisins que nous nous sommes retrouvés ce samedi 15 octobre 2022 pour un atelier de découverte de la pomologie.
Hugo est venu avec 75 variétés différentes de pommes, et autant d’étiquettes avec leurs noms… La plupart étaient issues de vergers conservatoires des alentours de Caen. Elles ont été soigneusement disposées avec les étiquettes sur une grande table, ce qui nous a permis d’en découvrir la diversité. Plaisir des yeux et de l’odorat…
Les pommes présentées font presque toutes partie de la même espèce Malus domestica . Une exception : de petites pommes en forme de cerises, de l’espèce Malus floribunda. Les pommiers correspondants sont connus sous le nom de pommiers à fleurs. Ils sont d’excellents pollinisateurs des autres fruitiers. Leurs fruits décorent l’arbre en hiver et font le régal des oiseaux, à défaut de faire le notre.
Hugo nous a d’abord fait un exposé très complet. Vous en trouverez quelques points marquants dans la suite de cet article. Puis nous sommes passés à la mise en pratique : il s’agissait de deviner la variété de pommes inconnues, grâce à nos observations : aspect extérieur de la pomme ; aspect des pépins et de la loge à pépins ; qualité gustative… en tout près de 30 critères !
L’atelier s’est terminé sur une note gourmande : dégustation de gâteaux et de pétillant de sureau préparés par certains des participants ; sans oublier évidemment le cidre et le jus de pommes apportés par Hugo.
Pour en savoir plus…
La pomologie ?
Formellement la pomologie est l’étude des fruits, dans le but d’en identifier la variété, le latin pomona signifiant fruit et non pomme. Néanmoins lors de l’animation nous nous sommes limités aux pommes, et l’après-midi a été bien remplie !
Le français est une des rares langues où on utilise la racine « pom » pour désigner ce fruit. Par exemple les allemands disent apfel, les anglais apple. Malus en latin.
Mais d’où viennent les pommiers ?
Les pommiers Malus Domestica dont nous consommons les pommes sont tous originaires d’un bassin très isolé du Kazakhstan . On y trouve encore des forêts de pommiers. Et, fait étonnant pour une région fermée sur elle-même, la diversité génétique des variétés y reste importante.
On pense que les pommiers donnant les meilleurs fruits ont été sélectionnés par les ours. Ces animaux gourmands auraient préféré les espèces les plus sucrées et les plus juteuses. Ils auraient disséminé ensuite ces espèces via leurs déjections.
Les pommiers sauvages que nous rencontrons lors de nos promenades font partie de l’espèce Malus Sylvestris. Ils ne se croisent pas avec les Malus Domestica.
Si je plante un pépin est-ce que j’aurai des pommes ?
Oui, mais avec une forte probabilité que les pommes soient différentes de celles du pommier d’origine. Elles seront même souvent franchement mauvaises.
En effet, les pommiers sont la plupart du temps autostériles c’est-à-dire que les fleurs nécessitent d’être fécondées par le pollen d’un autre arbre. Le matériel génétique des pépins est différent de celui de l’arbre d’origine. Seule la greffe permet de conserver une variété.
Pour une variété donnée, le goût et l’aspect des fruits dépendent énormément de l’environnement : nature du sol, climat, nature du porte-greffe… (un peu comme la vigne). Par conséquent on peut trouver des fruits qui ont des noms différents mais correspondent à la même variété génétique, et inversement. La classification des variétés est donc délicate sans analyse génétique.
Et sur un même arbre on peut trouver des fruits d’une même variété mais de qualité gustative et d’aspect très différents, c’est par exemple le cas de la Cox orange.
Combien de variétés de pommes existe-t-il ?
L’INRA a identifié plus de 2000 variétés de pommes génétiquement différentes en France. Alors que les variétés commerciales sont très peu nombreuses : 70% des pommes vendues dans le monde proviennent de 4 variétés (Golden delicious, Pink lady, Granny smith, Braeburn.) 30% des ventes sont contituées par des golden uniquement !
La Chine est le plus gros producteur devant les Etats Unis, la France ne produit que 2% de la production mondiale.
Les producteurs de pommes cherchent en permanence à améliorer leurs variétés, pour produire des fruits plus résistants à certaines maladies, à la conservation, au transport…
Ces nouvelles variétés sont créées par pollinisation entre variétés préexistantes. Autrefois elles étaient réalisées au hasard. Il fallait attendre plusieurs années pour que le pommier donne ses premières pommes et connaître le résultat de l’expérience. Trouver une bonne variété relevait souvent d’un hasard chanceux. Aujourd’hui, si on fait toujours des croisements par pollinisation, on peut analyser le matériel génétique des futurs arbres et ne conserver que ceux qui sont prometteurs.
Pourquoi des vergers conservatoires ?
Pour le plaisir des collectionneurs ?
Pas seulement…les passionnés amateurs ont permis de garder le patrimoine génétique qui permettra de faire évoluer les variétés. Un exemple d’évolution est la création de pommes résistantes à la tavelure : Querina Florina, une obtention de 1977 de l’INRA en est une variété. On aura sûrement besoin rapidement de créer des variétés adaptées au changement climatique.
Peut on cultiver des pommes en bio ?
Oui, sous certaines conditions.
Les variétés commerciales sont peu résistantes et ont besoin d’une vingtaine de passages annuels en produits phytosanitaires . Pour le bio, il vaut mieux se tourner vers des variétés spécifiques. Par exemple, Querina Florina, citée ci-dessus est particulièrement bien adaptée au bio pour sa résistance naturelle à la tavelure . Il faut aussi accepter d’avoir des rendements moins importants.
Les méthodes de culture sont celles du bio en général : on ne tond pas l’herbe entre les arbres ; on introduit des animaux dans le verger ; on utilise des apports de compost, pour nourrir le sol plutôt que la plante ; la vie du sol est ainsi stimulée, le sol est riche en micro-organismes et il y a moins de place pour que des organismes parasites s’installent ; on ramasse les feuilles ( pour éviter la tavelure) ; on diversifie les variétés au sein d’un même verger… Notre verger de la Sourderie est en bonne voie pour le bio !
Pourquoi ne trouve-t-on pas de pommes dans les pays chauds ?
Parce que les pommiers ont besoin d’une période de froid pour fructifier.
Steve Jobs était-il un croqueur de pommes ?
Bien avant d’être un ordinateur, la McIntosh est une pomme ! Cette variété a été découverte en Ontario et introduite dans les vergers en 1836. Juteuse et sucrée, elle est très populaire auprès des consommateurs québécois. Le Québec, avec ses automnes frais, offre des conditions exceptionnelles pour sa culture.
Sources et bibliographie
Les références documentaires :
Le site des croqueurs de pomme https://croqueurs-national.fr/
L’institut français des pommes cidricoles renvoie sur un catalogue de 109 variétés reconnues par le ministère de l’Agriculture.
La méthode d’identification des pommes et poires proposée par Hugo dans l’atelier est la méthode choisel.
Il existe aussi un site biodimestica qui répertorie les variétés des Hauts de France et de Wallonie. Il en référence 120. Il propose des critères d’identification des espèces.
Les livres spécialisés sont souvent anciens, on peut en retrouver sur Gallica.
Liste des variétés présentées :
1. Adams Pearmain
2. Ariane
3. Baillleul gros hopital
4. Belle de Boskoop
5. Belle de Brabant
6. Belle de mai
7. Belle de Pontoise
8. Belle fille
9. Belle fleur jaune
10. Belle Rivet
11. Benedictin
12. Bon père
13. Bon pommier
14. Cabarette
15. Calville alexandre
16. Calville blanc d hiver
17. Calville du roi
18. Calville rouge
19. Canada blanc
20. Canada blanc d Auvergne
21. Chardine
22. Claque pepins royale
23. Cloche d’or
24. Cloche d’Or
25. Court pendu gris
26. Cox orange pippin
27. Cramoisie de Gascogne
28. Cybèle
29. Delbard tardive
30. Directeur Lesage
31. Double rose
32. Doux Moen
33. Elstar
34. Frequin Rouge
35. Géante d’exposition
36. Golchard
37. Golden delicious
38. Harmonie
39. Isabelle Luizet
40. Jeanne Hardy
41. Jubile
42. Locard vert
43. Nationale Drap d’or
44. Pigeon rosé
45. Pigeonnet de Rouen
46. Pigeonnier de Rouen
47. Pomme d éclat
48. Pomme de glace
49. Pomme de l ‘Estre
50. Pomme des Moissons
51. Pomme poire
52. Querina Florina
53. Rambault
54. Rambour mortier
55. Reinette Baumann
56. Reinette Clochard
57. Reinette d Armorique
58. Reinette d Espagne
59. Reinette de Bayeux
60. Reinette de Blenheim
61. Reinette de Caux
62. Reinette de la Hougue
63. Reinette franche
64. Reinette grise de saintonge
65. Reinette grise du Canada
66. Reinette Jules Labitte
67. Reinette Marcel
68. Reinette Parmentier
69. Reinette verte
70. Revers
71. Rival
72. Sans pareil de Peasgood
73. Suntan
74. Winter banana